La Big Data for Migration Alliance (BD4M) publie aujourd’hui un rapport intitulé « Concevoir des plateformes communes de données pour mieux comprendre la mobilité humaine et la migration en Afrique de l’Ouest », qui présente les conclusions d’un atelier inédit – également appelé « studio » – de coconception rapide et de prototypage. Le premier studio de la Big Data for Migration Alliance a rassemblé plus de 40 parties prenantes représentant des gouvernements, des organisations internationales, les milieux de recherche, la société civile et le secteur public afin d’élaborer des stratégies concrètes de lancement et de mise en œuvre de partenariats intersectoriels en matière de données, ou « plateformes communes de données », dans le but de faciliter un accès éthique et sûr aux données à des fins d’élaboration de politiques et de travaux de recherche en Afrique de l’Ouest.
La Big Data for Migration Alliance est une initiative dirigée par le Centre mondial d’analyse des données sur la migration de l’Organisation internationale pour les migrations (CMADM de l’OIM), le Centre commun de recherche de la Commission européenne et le GovLab, qui vise à accélérer l’utilisation responsable et éthique des nouvelles sources et méthodologies de données – médias sociaux, données des téléphones mobiles, imagerie satellite, intelligence artificielle – à l’appui de l’élaboration de programmes et de politiques concernant la migration à l’échelle mondiale, nationale et locale.
Le studio de la Big Data for Migration Alliance s’est appuyé sur le domaine Migration de l’« initiative des 100 questions » – un exercice global de définition d’enjeux prioritaires visant à identifier les principales questions relatives à la migration auxquelles une collaboration en matière de données pourrait apporter des réponses. S’inspirant des résultats de cette initiative, les participants au studio ont conçu des plateformes communes de données qui pourraient permettre de répondre à trois questions essentielles :
- Comment utiliser les nouvelles sources de données pour estimer, en fonction du sexe et de l’âge, la migration et la mobilité transfrontalières actuelles en Afrique de l’Ouest ?
- Comment utiliser les nouvelles sources de données pour évaluer la situation actuelle des communautés de la diaspora et leur comportement en matière de migration dans la région ?
- Comment utiliser les données non-traditionnelles pour mieux comprendre les facteurs de migration en Afrique de l’Ouest ?
Dans le cadre de l’exercice de coconception, les participants ont utilisé le « canevas » de la Big Data for Migration Alliance, un outil permettant de concevoir rapidement des plateformes communes de données qui sont axées sur les problèmes à résoudre, mettent effectivement en lien les détenteurs de données et les utilisateurs de données exerçant des activités d’utilité publique, et tiennent compte des principaux défis, facteurs et motivations permettant de valoriser l’utilité des mégadonnées pour la migration.
Le premier rapport du studio de la Big Data for Migration Alliance, publié aujourd’hui, présente les stratégies élaborées par les participants, ainsi que plusieurs enseignements clés que ceux-ci jugent importants pour la réutilisation systématique, durable et responsable des données aux fins de l’obtention de résultats positifs dans le domaine de la migration – en Afrique de l’Ouest et plus généralement :
- Établir une terminologie commune : En l’absence de terminologie commune, les collaborations multipartites sont souvent inefficaces. Pour garantir une collaboration véritable et efficace entre des parties aussi diverses que des sociétés multinationales détentrices de données, des institutions internationales de développement, des gouvernements nationaux et des organisations communautaires au service des migrants, il faut dès le départ s’efforcer de définir le sens des notions et questions fondamentales et d’établir un consensus à cet égard (par exemple, qu’entend-on par « mouvement migratoire » ?).
- Renforcer les capacités techniques, financières et juridiques des parties prenantes locales : Les organisations locales à base communautaire sont d’importants partenaires en matière de collaboration concernant les données et de réutilisation des données, mais il leur manque souvent les capacités techniques, financières et juridiques dont disposent les grands acteurs internationaux. Afin de maximiser l’intérêt des mégadonnées pour les initiatives relatives à la migration, les organisations internationales et les bailleurs de fonds pourraient soutenir les organisations à base communautaire de la région en investissant dans le renforcement de leurs capacités et en les associant davantage à leur action en tant que partenaires essentiels.
- Définir des modèles d’activité : Certains acteurs du secteur privé participent à des plateformes communes de données d’intérêt public à titre gracieux, tandis que d’autres ont établi de nouveaux modèles pour vendre à des institutions d’intérêt public des ensembles ou couches de données agrégées, ou leur octroyer des licences pour ces données. Une étude approfondie de la rentabilité potentielle d’une collaboration en matière de données dans différentes régions et différents secteurs pourrait fournir à ces acteurs des raisons claires et probantes de participer à ces plateformes.
- Élaborer une stratégie de durabilité : Les parties prenantes doivent garantir la durabilité opérationnelle et financière de leurs plateformes communes de données. Cela peut nécessiter de recourir à de nouvelles sources de financement, de mettre en place une infrastructure humaine en codifiant les rôles et responsabilités en matière d’intendance des données, et de planifier activement le développement ou la reproduction en aval d’initiatives pilotes prometteuses.
- Clarifier les questions de compétence : Par définition, les plateformes communes de données sur la migration sont confrontées à des défis, liés aux flux d’informations transfrontaliers et à la fragmentation des régimes réglementaires et de protection des données. Les parties prenantes devraient examiner en amont les points communs et les différences entre les politiques et réglementations en matière de données dans les différents pays, en vue de l’établissement de contrats, d’accords de partage de données et d’autres instruments juridiques pouvant faciliter la collaboration en matière de données entre différents secteurs et pays.
- Élaborer un cadre éthique : Les parties prenantes devraient élaborer un cadre éthique répondant aux principales difficultés que soulèvent les partenariats intersectoriels en matière de données, qui nécessitent notamment de gérer les risques associés à la confidentialité des données relatives aux groupes, de garantir la représentativité des données et de définir des bases techniques et juridiques pour la mise en œuvre de technologies permettant de protéger la vie privée aux fins de collaboration en matière de données.
L’intégralité du rapport est disponible ici.
Pour en savoir davantage sur la Big Data for Migration Alliance et découvrir le partenariat, cliquer sur data4migration.org.